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Taxe sur le GNR, lourdeur administrative, prix... Poursuite de la mobilisation des agriculteurs, endeuillée par un accident

Les Jeunes agriculteurs du Gers bloquent la N124.

Les agriculteurs continuent de multiplier les actions mardi, avec de nouveaux blocages d'autoroutes, un mouvement endeuillé par la mort d'une exploitante dans l'Ariège, renversée par une voiture qui a foncé sur un barrage de manière non intentionnelle, selon les premiers éléments de l'enquête. (Article mis à jour à 13h50)

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Le Premier ministre Gabriel Attal a exprimé sa « peine » et assuré que la « nation est bouleversée et solidaire », sur le réseau X.

Les victimes - une agricultrice de 35 ans, son conjoint de 40 et leur fille de 14 ans, selon le préfet - ont été renversées mardi entre 05h30 et 06h00 sur un barrage routier d'agriculteurs à Pamiers.

Les trois occupants de la voiture qui a foncé sur le barrage, « un couple et une de leurs amies, tous trois de nationalité étrangère » selon le parquet, de nationalité arménienne selon une précision du préfet, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte notamment pour homicide involontaire aggravé.

« Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel », a souligné le parquet, mettant en avant la très faible luminosité sur place « en pleine nuit », « sans éclairage public ». Le véhicule, qui s'était engagé sur la RN 20 alors que l'accès en était interdit, a percuté un mur de paille qui était « recouvert d'une grande bâche noire », derrière lequel des manifestants se restauraient.

Le père accidenté est « grièvement blessé » et sa fille, dans un état « préoccupant » a été « héliportée au centre hospitalier de Toulouse », toujours selon le parquet.

« Dans le moment particulier que vit l'agriculture, ce genre de drame est difficile à vivre », a déclaré sur RMC le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Les syndicats agricoles JA et FDSEA ont annoncé la levée du barrage sur la RN20 où s'est produit l'accident.

Au lendemain d'une réunion apparemment infructueuse avec le gouvernement, le mouvement s'étend mardi avec de nouveaux blocages sur de grands axes.

Minute de silence

Vers 4 h, une trentaine de tracteurs ont bloqué la circulation sur l'A7 dans les deux sens, entre Lyon et Valence, à hauteur de Saint-Rambert-d'Albon, selon la préfecture de la Drôme.

Dans le Sud-Ouest, les barrages de l'A64 à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne) et aux accès à la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) restaient en place et des perturbations étaient signalées sur les axes A62 et A20.

Deux nouveaux blocages sont apparus sur l'A64 à Pau et l'A63 à hauteur de Bayonne, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, l'accès à l'Espagne depuis l'A64 restant cependant ouvert.

A Agen, des dizaines de tracteurs bloquent l'A62. Le trafic ferroviaire, un temps perturbé dans la zone par un dépôt de pneus sur les voies, a été rétabli. Des agriculteurs se sont massés devant la préfecture, où ils ont observé une minute de silence en hommage à l'agricultrice décédée.

En Dordogne, la circulation est perturbée à plusieurs endroits, près de l'aéroport de Bergerac et sur un accès à l'A89, selon la préfecture. Des convois de tracteurs convergent aussi vers Limoges et Poitiers, où des manifestations sont attendues.

De « petites actions » ont également eu lieu dans l'est lundi soir, par exemple au péage de Saint-Avold ou à la frontière allemande à Sarrebrucke, selon la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) Moselle, qui annonce plus d'actions mercredi.

Dans la Somme et l'Oise, des actions sont prévues à partir de la mi-journée, selon des sources syndicales.

 

🚨[ MOBILISATION EN COURS ]🚨 On maintient la pression ! Depuis vendredi, notre mobilisation sur la N124 à l’Isle-Jourdain...

Publiée par Jeunes Agriculteurs Du Gers sur Dimanche 21 janvier 2024

« Bouger les lignes »

« Le drame de ce matin (...) nous ramène encore plus de dignité dans notre mouvement et remobilise certainement encore plus », a déclaré mardi le président de la FDSA Oise, Luc Smessaert.

Lundi soir, le gouvernement a accueilli les syndicats majoritaires pendant un peu plus de deux heures, sans annonce à la sortie. La mobilisation peut durer « une journée », « une semaine » ou « le temps qu'il faudra pour que les réponses soient apportées », a déclaré mardi sur RMC le président de la FNSEA.

La veille, à sa sortie de Matignon, il a dit attendre du Premier ministre des déclarations « qui fassent bouger les lignes sensiblement », évoquant une remise immédiate sur le gazole pour les tracteurs, au lieu d'un remboursement sur facture et déclaration.

M. Attal veut « aller vite », « dans la semaine » pour certaines annonces, a affirmé dans la foulée le ministre de l'agriculture Marc Fesneau.

Réduire les « paperasseries » 

Premier syndicat agricole français, la FNSEA, a remporté depuis plusieurs années de nombreux arbitrages auprès du gouvernement, comme sur les taxes sur l'eau ou les pesticides, mais les agriculteurs continuent de se plaindre de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien sa vie.

Parmi les multiples revendications entendues sur le terrain : des simplifications administratives, pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d'augmenter le prix du gazole pour les tracteurs, être indemnisé plus vite après des calamités ou encore la pleine application de la loi censée obliger les industriels et les grandes surfaces à mieux payer les agriculteurs.

Gabriel Attal avait déjà promis samedi de « faciliter la vie » des agriculteurs en réduisant les « paperasseries ». Le gouvernement craint un embrasement car, des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le « Pacte vert » européen. S'exprime de façon diffuse une « exaspération » commune face à une « surchauffe réglementaire », estime Christiane Lambert, présidente du Copa-Cogeca, l'organisation des syndicats agricoles majoritaires européens.

Mardi, les ministres européens du secteur agricole se réunissent à Bruxelles.

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